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Mercure, Mars & Vénus
27 juillet 2013

Pourquoi et comment des OGM

 

Ana Carolina Batista de Jesus

( Ci dessous la version en pdf, plus agréable à lire)

Blog_OGM

 

Sommaire de l'article

 

 

Introduction..........................................................................................................................................3

 

I. L’apparition des OGM et le développement de la biotechnologie....................................................4

 

a) Du maïs aux organismes génétiquement modifiés...........................................................................4

b) Les changements aux États-Unis qui ont permis l'essor de la biotechnologie.................................7

c) Le brevet comme point de départ de l'ère biotechnologique............................................................9

 

II. Le réveil de la contestation............................................................................................................12

 

a) La biopiraterie, moyen de réconciliation ou objet d'affrontement................................................12

b) Les divergences de discours parmi les experts scientifiques.........................................................15

 

III. Vers un débat public.....................................................................................................................17

 

a) La querelle des élites......................................................................................................................17

b) L'opinion publique comme facteur décisif........................................................................................20

 

Conclusion..........................................................................................................................................22

 

Bibliographie......................................................................................................................................25

 

 

 

Introduction

 

 

Je suis persuadée que le pouvoir réside dans l'information. Je suis peut être une encore idéaliste mais je crois que s'informer et informer est l'un des premiers devoirs des citoyens.

Se questionner à mes yeux est aussi se demander dans quel monde veut on vivre. Dans quel monde voulez vous vivre demain ? Un homme connu à un jour déclarait « Soyez le changement de que vous voulez voir dans le monde » sous entendu arrêter de vous plaindre et agissez. C'est ce que j'essaie de faire chaque jour personnellement à mon niveau. Il y a actuellement tellement de causes à défendre tellement de choses à préserver qu'on ne sait actuellement plus quoi choisir.

Pourquoi les OGM ? Parce que je suis une fervente partisante du respect de l'environnement. Je ne suis pas contre le changement mais le changement intelligent sans caractère définitif sous entendu irréversible. C'est aujourd'hui qu'il faut plus que jamais se questionner sur leur existence. Les OGM sont ils vraiment nécessaire ? Ont ils vraiment lieu d'exister ? Ces questions auraient du être posées avant leur création. Mais l'histoire ne peut être refaite donc c'est à nous aujourd’hui de prendre conscience des risques qu’amènent la production de ces nouvelles technologies.

 

A travers différentes lectures on peut voir que la maîtrise la nature apparaît comme une préoccupation majeure de l'Homme. La recherche sur les organismes génétiquement modifiés (OGM) s'impose comme une conséquence de cet intérêt. Cependant, sans la croyance dans les avancées permises par l'hybridation, cet axe de recherche n'aurait pu ne rester qu'un sujet parmi d'autres au sein de la communauté scientifique.

Dans l'ouvrage Organismes génétiquement modifiés ; quels risques ?1 Yves Chupeau explique que les organismes génétiquement modifiés sont supposés répondre à un processus ancestral de la nature, celui de l'adaptation des organismes à l'environnement. La question de la modification de la nature est essentielle dans le débat. Car elle remet en cause le processus d'existence et d'évolution naturelle des espèces. En effet, même après des millions d'années, le poisson aurait-t-il pu acquérir un gène de brocolis sans l'intervention humaine?

Les scientifiques sont très sûrs d'eux quant à la manipulation génétique, qui apparaît comme la solution à la guérison des maux humains. Depuis la création de laboratoires privés souvent liés aux entreprises pharmaceutiques, personne n'ose questionner ou remettre en cause leurs recherches. La formation de scientifiques est devenue une priorité des gouvernements. L'innovation des techniques est ce qui permet aux pays de maintenir une place économique, politique et parfois militaire avantageuse.

En conséquence, les gouvernements n'attendent que des résultats des chercheurs en sciences, sans porter de regard sur la manière dont ils sont produits. Ce qui explique a priori leur désintérêt pour les questions fondamentales de la recherche, comme l'éthique. Mais si les industriels, les scientifiques et les politiques travaillent ainsi en cercle fermé, comment les OGM sont-ils devenus un problème public?

Crozier et Ehrenberg dans L'acteur et le système nous expliquent que les mouvements collectifs sont soutenus par des individus pour défendre des intérêts divergents et personnels, plutôt qu'un rassemblement pour un bien collectif qui n'est souvent qu'une façade. Nous allons voir si c'est le cas dans la question OGM.

 

Dans une première partie nous traiterons de l’apparition des OGM et de l'essor des biotechnologies.

Dans une seconde partie, nous poursuivrons avec les raisons du réveil de la contestation.

Enfin, dans une troisième partie, nous étudierons les événements marquants les OGM comme un problème public.

 

 

 

I. L'apparition des OGM et le développement de la biotechnologie

 

Pour comprendre le débat autour des organismes génétiquement modifiés, il faut comprendre que la « date d'apparition » des organismes hybrides est le point de départ de la problématique centrale. Elle est intimement liée à la question de légitimité que peuvent avoir les scientifiques par rapport à leurs recherches.

 

A- Du maïs aux organismes génétiquement modifiés.

 

Dans l'ouvrage la guerre secrète des OGM, de Hervé Kempf on peut lire que les organismes génétiquement modifiés aux États-Unis sont partis d'une céréale appréciée pour ses qualités: le maïs. Mitchell est la ville qui a vu grandir l'attraction des États Unis pour le maïs. Aujourd'hui, la ville est désignée comme «The Corn Palace»2 3.

En 1862, le congrès vote le « Morrill Land as a Grant Ac »4, qui donne aux états des moyens de créer des centres techniques de recherches sur l'expertise de l'agroalimentaire. Une communauté scientifique se crée alors à Mitchell avec une volonté d’améliorer cette plante choisie pour ses capacités de résistance. Les biologistes de l'époque étaient des hybrideurs, il devait répondre à deux injonctions ; celle, alimentaire, produire de la nourriture en quantité pour les besoins de la population et celle, scientifique, d'étudier les caractères de certaines espèces de plantes en vu d'hybridations futures.

Car la recherche scientifique depuis les années 1850 est axée sur l'évolutionnisme en lien avec la théorie de Darwin, les découvertes sur l'hybridation de Gregor Mendel et l'eugénisme de Sir Francis Galton5 cousin de Charles Darwin.

Les avancées dans les recherches grâce aux lois de Mendel, ainsi que l’actualisation des connaissances ont relancé un certain regain d’intérêt pour la question de l’hérédité. A travers ces découvertes et des recherches menées en parallèle sur l'évolution, les chercheurs découvrent que la plante pourrait aussi bien s'autoféconder que féconder d'autres tiges. Les chercheurs commencent alors à tenter de séparer des espèces afin de créer des lignes pures. Ils se rendent alors compte qu'au fil des générations, la productivité diminue mais la ligne créée reste stable. Les plantes montrent des qualités supérieures aux plantes-mères. Elles sont plus vigoureuses et plus résistantes. Le croisement effectué des lignées rend une productivité encore bien plus accrue.

 

Suite à ces découvertes, le ministre de l'agriculture de l'époque aux États-Unis Henry C.Wallace est convaincu par son fils chercheur en hybridation des plantes, des bienfaits de l'hybridation. Il décide alors de remplacer le responsable ministériel du programme d'étude sur le maïs (qui était en faveur de la pollinisation ouverte) par son fils défenseur de l'hybridation.

En 1926, la fin de la guerre endette les producteurs de céréales (suite à la chute des prix céréaliers sur le marché). Cependant c'est pendant la grande dépression des années 30 que la Hi-Bred Company (rebaptisée la Pioneer Hi-Bred Corn Company) va permettre au maïs hybride de prendre son essor.

 

On peut dire que c'est un succès. A la fin de la seconde guerre mondiale en 1944, ce maïs hybride couvre 88% des enclavements aux États unis. Mais la culture de ce maïs est soumis à une remise en cause des acheteurs. Les cultivateurs doivent en effet renouveler leurs achats à chaque saison pour avoir une récolte suffisante de ce maïs. Cette première plainte reste sans retour de la part des producteurs pour le moment. Les cultivateurs n'ont pas insisté car le but des firmes industrielles à ce moment là n'était pas explicite. Les firmes industrielles n’avaient alors pas encore les moyens d'obtenir le monopôle des semences. Jusqu'à présent ce qu'elles convoitaient, c'était l'appropriation du savoir faire des paysans pour se libérer de leurs liens de dépendance envers eux.

 

Un an après en 1945, suite aux bombes atomiques, on assiste à un détournement massif des chercheurs en sciences physiques vers la biologie. Les scientifiques n'ayant pas supporté de voir leurs recherches devenir des armes de destruction massive ont préféré abandonner ce domaine pour éviter des futures ré-utilisations de leurs travaux à des fins militaires. Cet événement sera décisif pour la recherche biotechnologique. S’intéressant aux travaux faits par la génération précédente de scientifiques, les chercheurs redécouvrent les travaux de Gregor Mendel ainsi que le gène. Cette nouveauté engendre un enthousiasme scientifique en permettant à un nouveau domaine de recherche de s'ouvrir.

 

Au vu du nombre grandissant des chercheurs dans ce domaine, les innovations et découvertes sont de plus en plus importantes et gagnent en précision. James Watson et Francis Crick découvrent alors que l'analyse de la constitution de l'ADN est rendue possible grâce aux nouveaux moyens technologiques de recherche (microscope, rayons X,...).

Edward Tatum est le chercheur qui propose alors l'idée des modifications génétiques sous le terme d’ingénierie génétique afin d'éviter les « erreurs structurelles ou métaboliques dans les organismes en développement ». Les biologistes sont enthousiasmés et voient en cette découverte des applications médicales infinies (guérir les paralysés, soigner les défauts physiques, etc...).

Cependant en 1962, les quelques industriels liés aux laboratoires de recherche incitent les chercheurs à utiliser cette découverte pour la transformation de plantes. Par exemple le vice président de la compagnie chimique Monsanto, Caroll Hochwalt parle de projets de modification des aliments comme le riz afin d'alléger la faim et la malnutrition dans les pays en développement6.

C'est finalement en 1970 que Watson et Crick réussissent à découper l’ADN en différents fragments et arrivent à décrire sa structure. Mais c'est le chercheur Paul Berg en 1972, en Californie, qui arrive à créer la première espèce hybride, première plante transgénique créée avec des morceaux d'ADN extraits de deux organismes différents.

 

 

B- Les changements aux États Unis qui ont permis l'essor de la biotechnologie.

 

En 1932, Aldous Huxley écrivait son roman « le meilleur des mondes » inspiré d'événements qui se sont déroulés aux États Unis. Le terme eugénisme avait été inventé par le cousin de Charles Darwin, Sir Francis Galton au XXème siècle. L’eugénisme prit son premier essor en Amérique au début du XXème siècle avec les redécouvertes des lois de Mendel qui comme on l'a vu précédemment déclencha un regain d’intérêt pour la question de l’hérédité. Ce mouvement s'éteignit lors de la crise de 1929, mais la société américaine avait absorbé une quantité de préjugés eugénistes. De nombreux américains étaient convaincus que les liens du sang et l'hérédité jouaient un rôle plus important dans la détermination du comportement individuel et du statut des différents groupes techniques et raciaux que les paramètres économiques sociaux et culturels7.

 

Michel Crozier nous explique alors que l'eugénisme apparaissait comme une solution de facilité face aux différents problèmes sociaux de plus en plus graves posés par l’immigration (ghettoïsation, pauvreté, agitation sociale, criminalité) et à la difficulté des réformateurs de résoudre de façon efficace ces problèmes.

En 1929, le crash boursier remit les idées à jour. Les immigrants, les commerciaux et les individus en situation libérale se retrouvaient dans les mêmes agences de demandes d'emploi. De ce fait il était alors impossible de supporter « le mythe de la supériorité biologique », car la crise a frappé sans distinction d'origines. La discrimination biologique céda la place à une solidarité face au malheur commun chez tous ceux que la crise avait réduit au minimum. L'ascension de Hitler en Europe aida également au déclin de cette philosophie, les États Unis ne voulant pas être assimilé aux propos extrêmes tenus par le parti nazi.

 

Mais la crise n'a pas été seulement financière aux États Unis, elle a été suivie un peu plus tard d'une crise morale. Les États Unis ont perdu leur leadership, leur suprématie politique et militaire aux yeux des autres pays du monde suite à l'échec de la guerre du Vietnam, et l'invasion de l’Afghanistan par l'Union soviétique.

Le monde perçoit cet affaiblissement géopolitique des États Unis. La crise morale est profonde, commençant par l’assassinat du président John Kennedy. Premier assassinat qui donnera suite à d’autres assassinats de grandes figures porte parole de mouvements minoritaires comme Martin Luther King or Malcom X. La crise est également sociale car plusieurs mouvements revendiquent leurs volontés dans un même temps : le mouvement des femmes, l'égalité des droits, la massification scolaire à l'université qui se poursuit avec la croisade des enfants (et finit par une fusillade à Kent en 1970). Mais également la question noire, les noirs américains qui malgré le fait qu'ils aient obtenu des droits identiques se rendent compte que les stigmates sont toujours présents et se sentent oubliés face à l'arrivée massive des immigrés latinos.

 

Les industries qui faisaient la puissance du pays en soutenant la croissance d'après guerre (automobile, sidérurgie, chimie) commencent à vaciller. De nouveaux concurrents apparaissent également sur le marché économique comme les dragons d’Asie, l’Europe qui se redresse, le Japon, ainsi que d'autres pays qui appartenaient au Tiers monde et contrôlent à présent les anciennes technologies.

Les États Unis pour pallier à leur perte de vitesse décident d'investir massivement dans la Silicon Valley et dans le génie génétique qui apparaissent comme l'unique recours face à leur perte de pouvoir.

 

Cet investissement est aidé par la politique de Ronald Reagan qui libéralise les marchés pour mieux maîtriser les dépenses fédérales et les impôts.

La victoire du libéralisme Reaganien consacre le retrait de l'état providence amorcé depuis plusieurs années, perçu pour la plupart par une restriction de budget de recherche et une augmentation du coût des équipements. C'est la massification et la privatisation de la recherche scientifique par les entreprises qui est alors mise en œuvre.

 

L'agroalimentaire ici commence à apparaître comme un secteur de recherche scientifique parmi d'autres mais aussi comme un champ d’application des nouvelles technologies scientifiques (pharmacie, pharmacopée, chimie, industrie pétrolière). Car ce que recherchent en priorité les investisseurs ce sont des marchés où le consommateur sera régulièrement fidèle.

 

En parallèle, une période de prédictions socio-démographiques alarmantes débute parmi les démographes face à l'augmentation de la population qui se transforme en problème commun (prévisions de famines, problèmes d'eau, disponibilité des ressources et accès à tous). Avec une question qui revient sans cesse dans les discours « Comment allons nous nourrir tout le monde? »

L'épuisement des énergies fossiles pose également problème. Face aux pressions écologiques actuelles, la pollution des diverses révolutions industrielles pousse les dirigeants à penser à une solution qui permettrait d'obtenir des recherches non polluantes. C'est dans ce contexte qu’apparaît une solution à ces problèmes, la reconversion dans la biologie massive (« bio masse »).

 

Cette idée a pu se concrétiser grâce aux estimations des rendements économiques que le domaine des biotechnologies pourraient apporter aux investisseurs. La promesse de gains futurs a suffi à elle seule à produire un investissement massif des entreprises privées. Cela entraîne à la fois une redirection de la recherche scientifique en créant simultanément un appui financier stable et non négligeable pour les chercheurs. C'est face à ces investissements massifs, ces promesses de gains que des acteurs scientifiques commencent à questionner le désintéressement affiché des firmes industrielles comme Monsanto. Les chercheurs espèrent que les motivations ne sont pas essentiellement financières face aux risques que les OGM pourraient comporter car la décision n'aura alors pas que des enjeux économiques.

 

 

C. Le brevet comme point de départ de l'ère biotechnologique.

 

La clé du débat activiste par rapport aux OGM réside dans l'acceptation de brevets commerciaux sur l'être vivant. Un brevet est un titre de propriété intellectuelle qui permet de protéger les inventions ou des procédés nouveaux susceptibles d'être utilisés à des fins commerciales. Lors de la reconnaissance légale d'un brevet, l'utilisateur se doit de donner les informations nécessaires à l'utilisation ou la reproduction du brevet afin de respecter la concurrence sur le marché. Si des personnes intéressées veulent réutiliser une invention déjà brevetée, elles doivent alors payer des royalties ou redevances. Lorsque des firmes proposent un brevet, elles peuvent s'accorder une licence exclusive ce qui leur permet d'obtenir un monopole de l'invention sur le marché. Poser un brevet sur le vivant, c'est donc faire reconnaître le droit de propriété sur un composant du vivant modifié8 et approuvé par les États.

C'est en 1980 que la cour suprême énonce :«un micro organisme vivant fait par l'homme est matière sujette à brevet». Après cette annonce, les produits vivants du génie génétique peuvent alors faire l'objet d'un commerce sous la protection du régime des brevets. Des dispositions fiscales sont également mises en place pour favoriser les investissements dans de tels projets et dans la création d'entreprises en micro informatique et en génie génétique.

Dès le lendemain, Greentech Entreprise entre en Bourse et gagne plus de 400 millions de dollars dans la journée.

Face à l'euphorie générale en 1982, l'Organisation de Coopération et de Développement Économiques9 et Ernest Jwaorski de Monsanto admettent que « la biotechnologie affectera l'écosystème de bien des manières tout comme la pétrochimie l'a fait et continue de le faire. Cette fois, une évaluation des conséquences écologiques devrait précéder les développements à grande échelle de la biotechnologie. Ainsi, il ne faut pas répéter l'erreur faite quand on a fondé toute notre économie sur le pétrole et le charbon sans avoir étudié les implications écologiques au sens large. »

 

Ce qu'il faut retenir sur ce point est qu'il y a eu une privatisation du problème avec l’apparition du domaine d'expertise sur les OGM. Cela sous entend que pour qu'un problème devienne un problème privé il devait être auparavant un problème public. Donc la question que l'on pourrait ici se poser est : qu’est ce qui a fait que le problème est repassé dans le domaine du public?

Par ailleurs, on peut également voir se dessiner la question des réelles intentions des investisseurs ou des industriels dans le débat des OGM. Car les acteurs présents ont tendance à confondre leurs propres intérêts économiques et personnels, souvent d'ordre financiers et ceux du reste de la population. Thierry Raffin dans Société civile contre OGM10, s'interroge sur les discours des producteurs d'OGM qui disent vouloir régler « les maux de la terre ». Pour lui, ils repartiraient « en conquête territoriale et colonialiste » et renforceraient les inégalités entre pays. En effet, l'on pourrait penser que les pays cherchent avant tout à passer des accords économiques pour vendre leurs produits comme dans l'Affaire de la Zambie 2002-200311 . Thierry Raffin nous rappelle que ce qu'oublie les promoteurs d’OGM est que « la technologie n'a jamais résolue à elle seule les déséquilibres sociaux économiques et politiques ».

 

Cette question rejoint celle du discours justificatif des scientifiques par rapport à la manipulation génétique, qui ne voient pas de préoccupation dans la production des OGM car «ils ne font que perpétuer ce que la nature a toujours fait et rien de plus»12.

Cet énoncé représente le second problème ; s'il n'y a en effet aucune réelle nouveauté, cela remet en cause la pertinence du brevet sur le vivant. Breveter le vivant est-il réellement utile et nécessaire, ou bien ne serait-il qu'un nouveau terrain d'investissement? Car comme on l'a vu ci dessus, pour qu'il y ait reconnaissance d'un brevet, la notion de nouveauté doit être reconnue.. Cette incohérence est l'un des points clés du débat des OGM. En effet, comment autoriser des brevets sur le vivant quand les discours des « inventeurs » sur leur propre invention ne correspond pas aux critères obligatoires issus de la définition même du brevet? N'est-on pas en train de ré-ajuster des législations déjà existantes afin d'ouvrir un nouveau marché dû aux pressions économiques des firmes industrielles ?

 

Vandana Shiva, directrice de la Research Foundation for Science Technology and Natural Ressources Policy, porte parole « des pays du Sud », pose le problème d'une autre façon. Pour elle et de nombreux « pays du Sud », « les droits de propriété intellectuelle ne sont reconnus que dans le domaine du droit privé ». Et par conséquent ils excluent tout type de connaissances, d'idée, d'innovation relevant du domaine public intellectuel.

Ces deux incohérences posent en effet problème quant à l'existence même du brevet. Mais elles ont servi de porte au mouvement activiste pour ouvrir un début de contestation.

 

Pour conclure sur cette première partie on peut se questionner sur la légalité, la légitimité de la recherche.

Peut on réellement accepter comme brevetable l'être vivant? La recherche est aujourd’hui qualifiée comme résultat de tout travail ayant mobilisé des fonds. Elle est présentée comme un retour sur investissement. Mais les sujets de recherche sur le vivant nous questionnent quant à la moralité ou la légalité des individus de travailler sur l'être vivant. Plus la technologie avance et plus nous avons à faire à une réduction des droits individuels, face au monde de la recherche. Mais remettre en question l'extension de la recherche serrait comme s'opposer au savoir et donc s'opposer à plus de deux siècles de théories scientifiques des Lumières. Cette philosophie scientifique est le principal facteur qui a retardé la contestation des biotechnologies.

 

 

 

 

II. Les raisons du réveil de la contestation.

 

L'apparition d'une écologie politique dans les années 1920 consistait à prendre en compte les moyens de préservation de l'environnement et de les appliquer. L'activité humaine est reconnue comme un facteur ayant un impact sur l’environnement (activités industrielles commerciales, et extensions urbaines). En 1997, le traité de Kyoto a permis de légitimer ces idées et de donner une institution à cette pensée.

Le débat OGM est provenu d'un débat sur la légitimité pour des pays ou des industriels de breveter le vivant. C'est un débat fondé à la fois sur l'écologie et la morale. En effet, quelle place accorde-t-on à la nature en la redéfinissant et en la légalisant? Peut-on vraiment en faire un acte de propriété de l'homme? Peut elle_être marchandisée comme tout autre produit?

Car c'est bien la légalisation des activités industrielles sur la nature qui a lancé le réveil de la protestation. La légalisation des OGM comporte non seulement des risques sur la biodiversité (disparition d'espèces), mais risque également d’approfondir l'écart nord-sud. L’uniformité des cultures industrielles appauvrit le patrimoine mondial, et la diversité des cultures souvent associées aux climats ou aux territoires.

En 1977, l'objectif des scientifiques est clairement d'éviter que les communautés locales exercent un droit de regard sur les expérimentations génétiques. (propositions législatives d'Edward Kennedy). De ce fait, toutes les controverses naissantes s'éteignent. Les chercheurs et les firmes industrielles vont jusqu'à demander l'abandon même de la législation en 1978.

Mais cette tentative d'oppression des contestations est un échec pour les fabricants d'OGM. Car des activistes militants s'en sont saisis.

 

 

A- La biopiraterie, moyen de réconciliation ou objet d'affrontement

 

La biopiraterie est l'une des principales ressources utilisées dans la recherche en biotechnologie. Elle consiste à s’approprier les ressources biologiques d’un pays ou d’une population à des fins commerciales. Elle est essentiellement pratiquée par les pays du Nord au détriment de ceux du Sud. La biopiraterie s'effectue par le biais de dépôts de brevets sur des gènes ou des espèces, qui garantissent à leurs détenteurs l’exclusivité des bénéfices liés à la commercialisation des produits qui en sont dérivés.

Les biotechnologies accentuent ce phénomène d’appropriation puisqu’elles permettent d’isoler le ou les segments d’ADN responsable(s) de caractéristiques inédites dans le génome d’un autre animal ou végétal, et de breveter de nouveaux produits transgéniques.

L'acte de biopiratage a touché les valeurs profondes et morales des individus. En particulier ceux des pays du Sud, qui sont souvent les principales victimes.

 

Face à ce problème, de nouveaux protagonistes entrent en scène face aux biopiratages.

Pat Mooney13, militant et activiste canadien, ardent défenseur de la biodiversité dans Seeds of the Earth: A Private or Public Resource?, en 1979 résume la prise de conscience collective : « On a compris trois choses à l’époque, la diversité génétique était en train de disparaître, du fait des grandes cultures industrielles, les fabricants de pesticides rachètent des semenciers, de nouvelles lois cherchent à appliquer le régime du brevet à la sélection variétale ».

Cette déclaration représente le début de la contestation des OGM, les activistes écologistes comprennent alors les enjeux réels des biotechnologies. Car c'est en voulant donner un cadre légal au brevet du vivant que les intentions des protagonistes jusqu'alors obscures s’éclaircissent.

La vaste entreprise de privatisation et de commercialisation du patrimoine génétique de la planète par les firmes industrielles se heurte à une vive résistance de la part d'un nombre croissant de pays et d'organisations non gouvernementales de l’hémisphère sud, qui commencent à réclamer une part équitable des gains obtenus.

 

En effet, les pays du Sud font remarquer que ce sont toujours les mêmes acteurs qui monopolisent l’expertise technique, et les mêmes qui possèdent les ressources génétiques et naturelles14. La bataille est à première vue exclusivement politique et économique. Pat Mooney la qualifie de « Bio colonialiste ». Car pour lui se sont bien là des conflits coloniaux autour de l'exploitation des richesses biologiques, par le pillage du patrimoine et des connaissances traditionnelles. Mais est-ce que cette contestation n'est réellement qu'une question économique et politique? N'assiste-t-on pas plutôt à un appel au droit, une exigence de justice et de morale? On peut sentir à travers les discours recueillis que les pays du Sud n'abandonneront pas leurs positions. Ils se sont rendus compte que d'accuser les pays de biopiratage n'allait pas pour autant arrêter leurs pratiques et décident d'entamer une action juridique et financières contre ces derniers. Pour ces pays du Sud, cette attaque représente le seul moyen de faire valoir des droits, et peut être de redéfinir un équilibre économique. On assiste alors à une dissension entre le discours de la militante Vandana Shiva et les dirigeants des pays du Sud.

Elle apparaît sur la scène publique au moment où elle prend conscience des pillages des ressources. Pour elle la propriété intellectuelle du brevet sur le vivant n'a lieu d'exister que grâce aux connaissances préalables, qui sont pour la plupart le mérite des paysans.

Elle dénonce également l'abandon du projet de payer des royalities aux pays sources. Ce projet selon les firmes industrielles représentaient un ralentissement « incertain » de la production de denrées mondiales pouvant créer des manques d’approvisionnement de certains produits ou de quantité de nourriture. Selon les industriels du Nord, l'incitation à la protection de la biodiversité, diminuerait la cadence de production. On peut poser la question de la pertinence de cet argument. Si la production mondiale actuelle de nourriture venait à diminuer, peut-être y aurait-il moins de gaspillage malgré une potentielle flambée des prix dûe à la rareté des produits. Mais peut-être cela pourrait-il aussi inciter à une meilleure distribution des ressources?

 

L'intention commune entre le nord et le sud était celui de privatiser le patrimoine génétique et de le transformer en marchandise. Cette situation met en avant le décalage entre les discours activistes et politiques. Au final, Vandana Shiva qui ne voulait qu'informer les dirigeants des pays se retrouve responsable d'une demande de privatisation du patrimoine génétique. C'est un souci rencontré par les activistes du réveil de la contestation. Leur volonté de faire prendre conscience de ces conflits aux gens est détournée par les dirigeants et les firmes industrielles. Le plus souvent pour servir leurs propres intérêts et éviter les points de contestation que les individus pourraient faire valoir.

 

Jeremy Rifkin dans le siècle biotechnologique nous explique que les multinationales tentent d’instaurer un système ou « un régime uniforme de propriété industrielle » pour régler ces obstacles, avec un libre accès à tous des ressources découvertes en biotechnologies15. Ce que l'on remarque dans ce point précis, c'est que ce sont les multinationales qui font de la biodiversité une valeur principale.

Tewolde Berhan Gebre Egziabher un chercheur éthiopien lance le début de la lutte pour le droit des communautés locales. Il essaie de mettre en garde les dirigeants contre la facilité de céder aux firmes industrielles. Car il comprend parfaitement que l’appât du gain immédiat apparaît attractif, mais au final les pays y perdront sur un long terme.«  Si vous brevetez les semences, vous contrôlez le paysan dans le moindre détail, il perd complètement la maîtrise de son activité. Or dans les pays en développement, l'agriculture est quasiment notre seul secteur d'activité. ».

 

Ce que l'on peut retenir dans cette partie, c'est que l'information rencontre de nombreux obstacles, et principalement parce que les contestataires sont isolés et mal organisés.

Les premiers acteurs sont donc pour la plupart des chercheurs isolés ou des organisations non gouvernementales qui considèrent que le patrimoine génétique n'est pas à vendre et qu'il doit rester à libre disposition (gratuite et collective) pour les générations suivantes.

On peut donc apercevoir que la motivation des activistes est surtout d'ordre moral. Luc Ferry dans Le nouvel ordre écologique résumait dans son ouvrage la question que se pose les militants. «L'homme est -l le seul sujet de droit ou la biosphère a-t-elle-aussi sa place dans la législation?».

Ce problème de valeurs va rejoindre des questions posées différemment dans le questionnement scientifique.

 

 

B- Les divergences de discours parmi les experts scientifiques

 

«Quand le génie génétique a été perçu comme une opportunité d'investissement, il s'est produit une adaptation des normes et des pratiques scientifiques au standard des entreprises. L’éveil du génie génétique coïncide avec l'émergence d'une nouvelle éthique, radicalement définie par le commerce.» La sociologue Susan Wright en une phrase résume le conflit qui a brisé la communauté scientifique. La divergence des scientifiques par rapport à la nouvelle éthique a posé les bases du conflit général de la légitimité des prises de décisions par les experts.

 

Le groupe des scientifiques représente une communauté à part, où des règles spécifiques propres au groupe existent. La transgression et la déviance y sont sévèrement réprimées par le groupe de pairs.16

Mais cette collectivité soudée s'est vue divisée par la privatisation des entreprises. Auparavant les chercheurs appartenaient tous à quelques exceptions près au même centre de recherches. Leur association était essentiellement pour faire progresser la connaissance humaine. L'idéal scientifique issu du siècle des Lumières était de s’offrir corps et âme à la connaissance et à la raison.

Le problème actuel est que le scientifique ne se satisfait plus d'obtenir le respect de ses pairs, ni la satisfaction de contribuer au progrès scientifique. Il songe à faire sa propre fortune, et à l'obtention d'un renommée grâce à ces découvertes.

 

On peut alors dire que le départ de la divergence scientifique a débuté par une inégalité de statuts entre chercheurs. Les firmes industrielles proposent aux chercheurs des moyens que l'université ne peut plus fournir (voir la politique de Reagan dans la première partie), et leur offrent une possibilité de carrière professionnelle et personnelle. Cela provoque un conflit de valeurs internes propres aux individus. Que choisissent ils? L'argent ou leurs valeurs?

Le psychologue social Martin Bauer expliquera de façon plus générale la division, parce que «l’énergie nucléaire est une technologie publique, et la biotechnologie est d'abord une technologie privée».

 

Un autre problème survient également. Les chercheurs qui ont accepté de travailler pour les entreprises privées sont souvent ceux qui conseillent les politiques.

L'acteur principal qui soulèvera le problème est un membre du Recombinant DNA Advisory Committee (RAC) répondant au nom de Sheldon Krimsky, également professeur universitaire en médecine, santé et environnement. Sheldon Krimsky s’inscrit dans la pensée traditionnelle scientifique car pour lui la protection des brevets entraverait la mauvaise circulation des informations ce qui pourrait faire obstacle à « l'élévation de la condition humaine ».

En1984, il posera le problème de neutralité des chercheurs scientifiques dans les affaires politique-environnementales17.

Il mettra en avant le fait que la National Academy of Sciences, organisme qui conseille le congrès et le gouvernement américain sur toutes les questions de politique scientifique a des liens privés avec la plupart avec les entreprises concernées. Face à cette dénonciation, des soupçons et des contestations sur l'objectivité scientifique et la remise en cause de «l'expertise scientifique», commencent à toucher les politiques, ou les juristes.

Les idées de Krimsky seront reprises par Al Gore qui est alors jeune député 18«si tous les professeurs ont des intérêts dans les entreprises qui cherchent à capitaliser sur toute nouvelle, découverte à qui pouvons nous demander un avis neutre

L'émergence industrielle de la bio technologie est différente de l’énergie nucléaire, car elle n'est pas soutenue par l’État, et entraîne une volonté de profit personnel chez les scientifiques. La sincérité semble absente du processus, ce qui va à l’encontre des idéaux scientifiques. De plus en plus de chercheurs se méfient ou se détournent des biotechnologies en y voyant « une nouvelle bombe atomique ». Mais cette fois avec des conséquences catastrophiques pour les populations. Le détournement des recherches pour le profit industriel absent d'humanisme, a créé une mobilisation des chercheurs en voyant qu'aucun principe de précaution n'allait être pris en compte.

 

L'exemple de la guerre en Irak, où la première arme biologique a été utilisée dans un village19 afin d’abîmer des récoltes et d'affamer la population a été une preuve suffisante pour beaucoup de chercheurs. Cet événement souligne à la fois les possibilités d'utilisations militaires et les hauts risques des nouvelles armes biologiques.

Suite à la conférence d'Asilomar20, à divers débats, aux épisodes de Bhopal en Inde et Tchernobyl, l'idée de prudence s'impose dans la conduite des manipulations génétiques.

Certains experts scientifiques parmi les plus compétents affirment qu'à partir d'un certain niveau de production, «il serait pratiquement impossible d'assurer de manière absolue l'absente de fuite de micro organismes».

Après plusieurs tentatives de mettre en avant, le manque de connaissances, et d’anticipation par rapport aux fuites éventuelles des OGM dans la nature, plusieurs protagonistes (dont Jeremy Rifkin) se risquent à lancer des attaques judiciaires. Malheureusement aSeule l'évaluation des risques sur le produit final et non sur la technique utilisée est possible, en raison de Reagan qui signe The Coordonated Framework for Regulation of Bioteechnology, en 1986 interdisant au Congrès de faire une loi sur le sujet.

Cette loi déclenche l’indignation des scientifiques et de la partie opposante aux OGM. L'apparition du « principe d'équivalence en substance »21  rend seulement des examens allégés possibles sur les OGM, et crée le départ de nombreux scientifiques qui iront rejoindre la partie opposante. On peut analyser ce départ massif des chercheurs par le fait de l'absence de reconnaissance de leur savoirs par les dirigeants politiques. Car l'enjeu présent ici est le conflit entre le savoir et le pouvoir. Car la faculté d'avoir des connaissances nécessaires et la faculté d'agir ne sont pas forcément détenue par les mêmes personnes. Le manque de reconnaissance des chercheurs scientifiques donne une nouvelle carte des positionnements dans le conflit des OGM.

 

 

 

III. Vers un débat public.

 

 

Les deux principaux événements qui ont permis au débat sur les OGM de devenir public ont été une querelle généralisée des élites et la prise de conscience des individus sur la question OGM.

 

A. La querelle des élites

 

La banalisation des OGM et le départ en masse des scientifiques entraîne un mouvement de refus total des OGM dans un premier temps par les pays d’Europe. Le siège de la Communauté Européenne à Bruxelles veut s'assurer que les conditions de diffusion des OGM seront identiques dans tous les pays de la Communauté Européenne.

L’Organisation de Coopération et de Développement Économique (OCDE) met en place un groupe d'experts scientifiques pour qui il n'est pas nécessaire de créer une législation particulière sur les OGM. L'Europe par souci de prudence décide de ne pas en tenir compte en créant une réglementation spécifique aux OGM.

 

Benedikt Haerlin, est l'activiste militant qui, avec l'aide de Jeremy Rifkin va lancer une première mise en garde sur les OGM en 1986. Dès 1990, il commence à informer les gens mais n'obtient pas de réels soutiens car les OGM ne sont pas encore sur le marché. La citation du député vert au parlement européen Paul Lannoye face à cet échec, résume bien le problème «c'est difficile de faire comprendre l'importance d'un sujet, quand il est à sa phase préparatoire ».

Le journal Le Monde en 1990 écrira que «Plus personne ne songe à contester car dans tous les secteurs clés de l'économie, agriculture, élevage, santé, la décennie à venir sera marquée par la mise sur le marché d'un nombre croissant de produits issus des biotechnologies. »

Une législation prend forme en 1990 sous le nom de directive 90/220, car les gouvernements finissent par être convaincus par les discours américains. Le seul argument qu'ils retiennent est «le développement de la biotechnologie est de nature à contribuer à l'expansion économique des pays membres

Le problème qui se pose est que les gouvernements cèdent sous la pression de la compétition du marché et la menace de délocalisation des entreprises. « à défaut d'une politique communautaire cohérente en matière de biotechnologies, la compétitivité de l'industrie européenne sera compromise. La compétitivité européenne en biotechnologie, décline les européens n'ont acquis que 19% des brevets récents en biotechnologie contre 41% et 36% à leurs concurrents américains ou japonais ».

 

En 1992, c'est un premier échec pour les militants anti OGM, car Haerlin et des activistes échouent à convaincre l'organisation Green Peace de s'engager réellement.

Des enquêtes se multiplient pour mesurer la confiance que peuvent avoir des personnes dans les produits génétiquement modifiés. Les personnes interrogées font plus confiance aux organisations environnementales, ou aux associations de consommateurs qu'aux universités et institutions de recherche, pouvoirs publics ou à l'industrie. L'enquête 'eurobaromètre' souligne également que, plus les gens sont informés sur les biotechnologies, plus ils y sont opposés.

 

Les acteurs qui étaient solitaires dans ce combat contre les OGM commencent à se regrouper. C'est finalement Pat Mooney qui réussira à faire entendre leur la cause. En 1987, organise un atelier international à Bogève avec pour sujet l'impact socio économique des nouvelles technologies sur la santé et l'agriculture du Tiers Monde. Il déclare alors qu'elle « servira probablement plus les intérêts des riches et des puissants que le besoin des pauvres. Elle accroîtra probablement les inégalités au sein de la population paysanne et l'état de dépendance des paysans ainsi que de la concentration du pouvoir de l'industrie agroalimentaire internationale ». Cet atelier est décisif car beaucoup d'activistes décident de s'engager dans la lutte « contre le monopole sur la vie et les ressources vivantes. »

Le droit aux brevets sur le vivant est le résultat de l'échec de la création d'un patrimoine mondial commun à l'humanité. Cette conférence n'a pas abouti à des textes fondateurs mais à gagner une reconnaissance entre scientifiques et activistes redonnant un gain de force et de synergie au mouvement contestataire.

Quand le Parlement français doit transposer dans le droit français les directives européennes adoptées en 1990, tout le débat se base sur le degré d’information du public, car un incident avec un organisme génétiquement modifié va permettre au parlement de soutenir son refus. Le Bacillus Liquefacius mis sur le marché américain aux États-Unis en 1989, provoque la maladie et la mort de 37 personnes, et en handicapent durablement plus d'un millier.

 

Mais c'est une déclaration du parlement français qui démarre alors le fameux débat public :' OGM, pour ou contre ?' :« Sous l'effet conjugué de l'européanisation des opinions publiques, du manque d'information du législateur et de l'efficacité de certains groupes de pression, la tentation apparait dans notre pays aussi, de remplacer une démarche analytique raisonnée, nourrie de l'expérience de plus de dix ans de développement d'une discipline à laquelle aucun incident même n'est à imputer, par une attitude de principe exposée aux fondements scientifiques nuls et aux bases idéologiques douteuses ».

Tous les directeurs de recherches publics et privés donnent leurs avis, parfois en dénonçant le manque d'information donné au public, « de la façon la plus pressante à ce que la procédure d'enquête publique soit retirée du projet de loi »citation du journal le Monde, 1990.

C'est alors qu'on assiste à une crise des rôles généralisée. Les scientifiques jugent que le public, et les gouvernements comme étant incapables de prendre une décision dans ce domaine. Les gouvernements ne supportent pas la remise en cause de leurs expertises, et de leur pouvoir décisionnel aussi bien par les scientifiques que par les citoyens. Par exemple, le Ministre de la recherche en 1991 dit qu'« il est nécessaire de ne pas céder aux sirènes d'une pseudo démocratie qui consiste à faire participer à la discussion sur les dangers potentiels d'une manipulation génétique des représentants d’associations qui n'auraient pas la capacité d'appréhender la nature même de la manipulation. »

On peut alors prendre l'exemple du discours scientifique de Axel Kahn qui démissionne suite au refus, jugeant sa crédibilité détruite et la décision prise sans raison scientifique crédible. Corinne Lepage, fondatrice du Criigen, explique ce comportement des scientifiques car pour eux selon elle « cela signifiait que l'expert prend les décisions à la place du politique ». »

On peut également citer Derek Burke président du comité britannique «  C'est aux ministres de prendre la responsabilité finale, pas aux scientifiques : parce qu'ils ne sont pas élus, et parce qu'il y a des facteurs de décision qui ne relèvent pas de la science ».

Daniel Chevalier député, lui insiste sur le fait qu'« il faut éviter que se répète pour les biotechnologies un scénario qui se développe actuellement en matière d'énergie nucléaire, c'est à dire le blocage d'une technique utile et nécessaire, par des phénomènes de peur irraisonnée elle même fruit de la non information, de l'imposition autoritaire d'une technologie et du refus du débat démocratique ».

Bob Shapiro et Monsanto face à cette clameur montante prétendent qu'en cas de refus des organismes génétiquement modifiés, « l'environnement touche à la catastrophe » et que la technologie est la seule alternative face aux futurs problèmes sociaux démographiques. Mais les discours ne prennent plus car l'enjeu est clair à présent aux yeux de tous. Les firmes industrielles veulent être les seules à avoir la maîtrise de cette exploitation. Pour Robert Shapiro, il n'y a pas le choix « le début du XXIème siècle verra une lutte entre la technologie de l'information et la biotechnologie, d'un côté et la dégradation de l’autre de l'environnement de l'autre. »

La querelle généralisée des experts attire alors l'attention de la population et la sensibilise aux problèmes des OGM. On peut alors conclure que si les OGM sont devenus un problème public c'est grâce à une cristallisation des positions des élites. Le conflit de rôles qui en résulte est réellement ce qui a permis d'attirer l'attention sur ce problème. Car les décisions sur le sujet ont été prises sans consultation de la population.

 

B. L'opinion publique comme facteur décisif.

 

En effet, le choix des citoyens ne semble pas compter dans la prise de décisions sur le sujet par les élites. L'existence de la fissure au cœur de l’expertise scientifique (chercheurs en biotechnologies ou firmes agroalimentaires, semenciers,...) et l'incapacité des experts à s'accorder sur le sujet des OGM, amènent plusieurs pays à les interdire dès les années 1990-199522. Car les OGM sont reconnus comme « socialement non justifiables » par certains politiques. Même si les autorités soutiennent le projet des OGM le problème de transparence empêche les gouvernements de prendre des décisions directes. Les gens en charge de la réglementation se sont saisis des dossiers avec sérieux et on organise des conférences de citoyens pour avoir leur opinion.

 

Un coup d'accélération dans le débat est amené par les médias, grâce à une association d'écologistes en Autriche. La sphère politique est touchée par le ministère de la santé. On apprend qu'une demande d'autorisation de plantation d'OGM est en cours. Cependant on découvre simultanément qu'une entreprise en a déjà planté sans autorisation. L'opinion publique refusent désormais les OGM.

Cela entraîne une crise politique, car c'est la commission de Bruxelles qui a autorisé l'import des maïs génétiquement modifiés, et qui en plus oblige les pays à insérer la convention 90/220 dans leur législation.

Les populations européennes commencent alors à prendre conscience que ce sont les députés européens qui prennent les décisions pour tous les citoyens de l'union européenne.

Cela peut paraître étonnant. Mais l'organisation de la société est souvent abstraite jusqu'au moment où elle touche le quotidien des individus. La population et les dirigeants rentrent alors en conflit à l'imposition de règles qu'ils n'ont pas décidées eux mêmes. Le peuple commence à l'aide de manifestations pacifiques d’exercer des pressions sur les gouvernements.

Face à ce phénomène, on peut se demander en effet qui est légitime pour prendre une décision qui concerne autant d 'individus? La remise en cause est profonde car les individus se rendent compte qu'ils ont confié leurs libertés de décisions à des gens totalement inconnus. C'est l'idée même de démocratie qui est remise en cause. En effet ceci ouvre plusieurs questions. Le cas de la demande d'insertion des OGM dans les pays européens est-il réellement un processus démocratique? En tout cas le désordre engendré par les OGM permet aux élites de rappeler leur devoir auprès des populations, celui de prendre la décision la plus avantageuse pour tous.

Par exemple, suite aux pressions des agriculteurs biologiques de leur pays, le parlement italien prend position en interdisant le Maïs transgénique accusant la commission d'avoir cédée « de façon inquiétante aux pressions économiques et commerciales qui ont prévalu sur les considérations de santé publique et de protection de l'environnement. ».

En février 1998, la France est la seule à céder et on assiste alors au début des manifestations comme celle de José Bové, Francis Roux et Riesel dans une usine de maïs en tentant de mélanger des graines d'OGM avec des graines de maïs normales : «  Je sais qu'en agissant comme je l'ai fait, je faisais quelque chose d'illégal. Mais c'était nécessaire, et nous n'avions pas d'autre choix. La façon dont les produits génétiquement modifiés ont été imposés aux pays européens ne nous a pas laissé d'alternatives. Quand y a-t-il eu un débat public sur les organismes génétiquement modifiés ? Quand les agriculteurs et les consommateurs ont-ils été interrogé sur ce qu'ils pensaient ? Jamais. » On assiste à un retournement de l'accusation lors du procès.

Le début des fauchages sauvages d'OGM servent de levier à Greenpeace et Ecoropa pour attaquer devant le Conseil d’État les décisions des .politiques. De cette rencontre résulte la suspension du maïs par principe de précaution. Le Conseil d’État donne à la lutte des opposants un fondement légitime mais légal.

Le fondement légitime des demandes de prise en considération des choix des populations nous permet de nous questionner sur la position de l'acteur dans ce débat. L'individu est-il dans une position de négociation face aux décisions des gouvernements ? L'individu a-t-il une place d'agent ou d'acteur dans les choix des élites ? Qu'est-ce qui fait la différence de poids dans les décisions entre un individu non élu et un individu élu? Un homme élu est il réellement plus qualifié pour prendre une décision comme celle d'autoriser la culture d'OGM ? Laisse-t-on réellement le choix à l'individu de choisir parmi différentes possibilités quant sa santé est mise en jeu ?

Pour conclure cette partie, on remarque que c'est grâce à la formation de l'opinion publique que la question sur les OGM a pu être reconsidérée et prise en charge par des personnes hors du cercle oligarchique décisionnel habituel.

Conclusion

 

La question des organismes génétiquement modifiés révèle une relation entre quatre groupes d'individus distincts: les activistes militants, les politiciens, les scientifiques, et les industriels. Cette relation est la base du débat, car les luttes pour la reconnaissance de l'information, du savoir, et du pouvoir sont les principaux moteurs de l'histoire des OGM.

La détention du monopole agroalimentaire, la lutte pour le pouvoir et le contrôle des décisions, se sont joués exclusivement entre ces groupes. L'acceptation de breveter sur le vivant a créé un nouveau domaine économique exploitable pour ceux qui pouvaient y investir. Cela fait à présent quarante ans que des firmes industrielles tentent de se construire des monopoles (recherche, mises sur la marché des plantes OGM) grâce aux portefeuilles de brevets d'études sur le vivant.

 

La question de départ était : comment les OGM sont ils devenus un problème public?

Suite aux recherches effectuées, il semble que les deux raisons essentielles soient les conflits d'intérêts entre les élites décisionnelles, et la rupture entre valeurs et avantages financiers.

Brehmen et Zellinger parmi leurs recherches en psychologie sociale, nous démontraient que la motivation des individus provenait le plus souvent d'un sentiment d'entrave ou de menace de leur liberté. On peut alors se demander dans ce cas si la question des OGM n'est pas entrée dans le domaine du débat public par le fait que la propriété du vivant a toujours été considérée comme un droit universel. Sa privatisation, ne l'a rendue accessible qu'à un groupuscule d'individus. On peut supposer que ceux qui n'y avaient plus accès, se sont sentis exclus et ont « subi » cette entrave à leur liberté personnelle. Cette restriction de la liberté individuelle serait alors un élément déclencheur de la motivation des individus. Car qu'est ce qui pourrait motiver les acteurs plus qu'une réduction de leur liberté pour défendre leurs droits?

Par ailleurs, les problèmes liés au manque de transparence sont peut être un autre élément clé pour les citoyens. Car le droit à l'information n'est il pas un droit fondamental? Et surtout quand il s’agit de problème de santé? Les OGM sont admis sur le marché comme des produits industriels et sont par conséquent encore soumis au secret industriel jusqu'à leur mise sur le marché. Au vu des conséquences irréversibles des choix d'autorisation des OGM, semble-t-il encore pertinent de protéger ces «secrets industriels» ayant potentiellement un impact sur la santé des individus?

 

La croyance en la possibilité de tout régler par la technologie fait perdre de vue l'essentiel, en particulier l’éthique et ses valeurs. Le débat des OGM nous rappelle qu'il est utile, voire obligatoire de garder une éthique et de se préoccuper des valeurs morales dans la recherche scientifique. Et, en particulier, il est nécessaire de penser aux événements futurs que pourraient déclencher nos actions du moment présent23.

 

Le débat OGM est encore ouvert à ce jour, même si les individus de chaque groupe ont évolué, car beaucoup de questions soulevées par ce débat restent sans réponses. A ce jour les industriels n'ont pas encore fait leurs preuves24 quant à l'efficacité ou à la nécessité des recherches en biotechnologies. Donc il faudra attendre pour savoir si l'homme est capable de changer en profondeur l'essence même du vivant et si ces changements sont bénéfiques pour l'humanité.

Suite aux recherches faites sur le cas des OGM, et sur les problèmes de transparence posés, on pourrait se demander si l'on peut encore faire confiance aux élites décisionnelles? L'individu a-t-il aujourd'hui les moyens d'un choix éclairé et indépendant? Dans un monde économique, peut on encore parler de politique publique transparente? Y a-t-il encore une confiance possible entre politiciens et citoyens ?

 

Bibliographie

 

 

 

Articles :

 

GRANJOU Céline et VALCESCHINI Egizio (2004) Certifier en situation d'incertitude ; le cas des OGM, Natures Sciences Sociétés,4 Vol. 12, p. 404-412.

JOLLIVET Marcel MOUNOULOU Jean-Claude (2005) Le débat sur les OGM ; apports et limites de l'approche biologique. EDP Sciences | Natures Sciences Sociétés 1 - Vol. 13 pages 45 à 53

 

 

 

Ouvrages/ Livres :

 

 

BROAD William et WADE Nicholas, (1973) La souris truquée, au Seuil/ Point Sciences.

COLLECTIF CC.OGM (2004) Société civile contre OGM, Yves Michel.

CROZIER Michel, (1981) Le mal américain, Fayard.

FERRY Luc (1992) Le Nouvel Ordre écologique - l'arbre, l'animal et l'homme, Grasset.

KEMPF Hervé (2007) la guerre secrète des OGM, Points.

LEPAGE Corinne (2012) La vérité sur les OGM c'est notre affaire , Dossier pour un.

MOONEY Pat (1983) Seeds of the Earth : A Private or a Public Ressource ?, First Food Books.

RIFKIN Jeremy (1999) Le siècle biotech, Pocket.

TESTART Jacques et CHUPEAU Yves(2007) Organismes génétiquement modifiés ; quels risques ? Prométhée.

 

 

Sites :

 

http://www.oecd.org/fr

 

http://www.infogm.org/lesogmendebat/

 

http://www.ogm.org/

 

http://ogm.gouv.fr/

 

http://www.greenpeace.org/france/fr/campagnes/ogm/

http://www2.cnrs.fr/journal/821.htm

http://biosphere.ouvaton.org/

http://www.senat.fr/colloques/colloque_responsabilite_publique/

 

1Testart Jacques et Chupeau Yves(2007) Organismes génétiquement modifiés ; quels risques ? Prométhée.

2. Les plus importantes exploitations de maïs y sont concentrées.

3. Les festivals du maïs, des foires agricoles y présentent les plus beaux échantillons; avec des mensurations idéales. Les mensurations considérées comme idéales sont : « 27cm de long sur 19 cm de circonférence avec des grains rangés de façon ordonnés ». On peut y voir dans ces mensurations idéales, l'approche perfectionniste que les scientifiques voudront donner par la suite aux plantes. (Créer la plante parfaite, sans défauts). Des agriculteurs de maïs du pays entier viennent à cette exposition pour comparer leur savoir faire et trouver des conseils pour obtenir les dimensions des échantillons conformes aux critères « idéaux ».

4. Morrill Land as a Grant Act (ou aussi appelée land-grant universities) désigne une loi américaine qui offre des terrains ou des propriétés des États-Unis aux sous états pour leur permettre de créer des centres de recherches universitaires ou d'enseignement supérieur. (Première en 1862, et Deuxième en 1890 pour l'agriculture). Source encyclopédie universalis.

5.Le terme eugénisme a été inventé par le cousin de Charles Darwin, Sir Francis Galton. On distingue deux types d'eugénisme, l’eugénisme négatif désignant l'élimination systématique des traits biologiques jugés indésirables de l’eugénisme positif qui s'attache à améliorer par la sélection génétique, les caractéristiques d'un organisme ou d'une espèce.

6 Kempf Hervé (2007) la guerre secrète des OGM, Points.

7 Crozier Michel, (1981) Le mal américain, Fayard

8 La condition particulière pour déposer un brevet sur le vivant est qu'il faut nécessairement avoir isolé un gène et l'avoir modifié par génie génétique.

9- L’organisation de Coopération et de Développement Economiques a été construite après la première guerre mondiale. Les dirigeants européens voulait encourager la coopération et la reconstruction. Elle a été instituée en 1948 pour administrer le plan Marshall financé par les États-Unis. « Le Canada et les États-Unis se sont joints à ses membres en signant la Convention de l’OCDE le 14 décembre 1960. L’organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE) est officiellement née le 30 septembre 1961. » Source :http://www.oecd.org/fr.

10 Collectif CC.OGM (2004) Société civile contre OGM, Yves Michel

11 Dispute entre l'Europe et les États-Unis voulant vendre des OGM aux gouvernements africains pendant la famine

12Jacques Testart et Yves Chupeau, OGM : Quels risques ? 2007, éditions prommthmm.

13 Pat Mooney, s'engage dans une forme d'activisme mondial en faveur de la biodiversité et du rappel du droit des peuples de disposer d'eux-mêmes.

14 Rifkin Jeremy (1999) Le siècle biotech, Pocket.

15 Essentiellement demandé par l'ADPIC (aspects des droits de propriété intellectuelle touchant au commerce), demandés par les biotechs (entreprises bristol, myers, monsanto, Enyart).

 

16 Broad William et Wade Nicholas, (1973) La souris truquée, au Seuil/ Point Sciences.

17 D'après son enquête, 345 scientifiques affiliés à 50 firmes biotechnologies, 25% font partie de l'académie des sciences, une académie souvent amenée à conseiller la politique en matière de biotechnologie. Source : Broad William et Wade Nicholas, (1973) La souris truquée, au Seuil/ Point Sciences.

18Après l'échec de sa candidature à l'élection présidentielle controversée de 2000, Al Gore se consacre à ce qu'il considère désormais comme le but de sa vie.
Il s'implique dans la lutte contre le réchauffement climatique et en popularise la menace avec son documentaire "Une vérité qui dérange". Le 25 février 2007, le film est récompensé par deux Oscars, l'un de la meilleure chanson originale et l'autre du meilleur film documentaire.

19 des militaires ont injecté des bactéries dans une usine d'engrais

20 Initiative de Paul Berg en 1975 de créer une conférence autour de la dispersion des OGM

21; « si un OGM n'a pas une composition chimique substantiellement différente de l'organisme dont il est dérivé, il n'y a pas besoin de le tester, ni de l'étiqueter » Source : La guerre secrète des OGM, Hervé Kempf

22 Lepage Corinne (2012) La vérité sur les OGM c'est notre affaire , Dossier pour un

23Par exemple, les effets qu'a eu le clonage de Dolly dans la communauté scientifique.

24 Granjou Céline et Valceschini Egizio (2004) Certifier en situation d'incertitude ; le cas des OGM, Natures Sciences Sociétés,4 Vol. 12, p. 404-412

Jollivet Marcel Mounoulou Jean-Claude (2005) Le débat sur les OGM ; apports et limites de l'approche biologique. EDP Sciences | Natures Sciences Sociétés 1 - Vol. 13 pages 45 à 53

 

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